Intelligence économique asiatique : ce que les dirigeants peuvent en apprendre

Intelligence économique asiatique : ce que les dirigeants peuvent en apprendre

Cet article s’appuie sur la 3ᵉ et dernière partie de la conférence de Nicolas Michelon, expert en intelligence économique, donnée dans le cadre du cycle CPA Lyon-Grenoble.

Les deux premières parties de la conférence de Nicolas Michelon avaient posé les bases :

  • Partie 1 : les tensions historiques dans l’Indopacifique et leur impact sur les équilibres économiques;

  • Partie 2 : la transition vers un monde plurilatéral, où la puissance s’exprime désormais à travers des blocs régionaux et des normes concurrentielles.

Dans cette 3ᵉ et dernière partie, l’expert explore la culture stratégique asiatique et la manière dont elle imprègne la pensée économique et décisionnelle des entreprises du continent. Une grille de lecture essentielle pour tout dirigeant souhaitant comprendre – et anticiper – les nouveaux rapports de force mondiaux.

L’intelligence économique, un art martial

Nicolas Michelon rappelle que la France dispose d’une excellente doctrine d’intelligence économique, mais peine à l’ancrer dans la culture d’entreprise.
À l’inverse, dans les cultures asiatiques – notamment celles influencées par la Chine – cette logique fait partie intégrante du quotidien.
Elle s’appuie sur un corpus millénaire : L’Art de la Guerre de Sun Tzu, les 36 Stratagèmes, le Traité des cinq roues, ou encore le Book of Swindles, manuel d’astuce et de ruse commerciale.

Ces textes enseignent que la stratégie ne consiste pas seulement à attaquer, mais à observer, feindre, influencer et réorienter.
Une philosophie incarnée dans des jeux comme le Go ou le Shogi, où la victoire se gagne par la patience, la lecture de l’adversaire et la reconfiguration des alliances.

Shōshin et Wu-Wei : deux principes pour diriger autrement

Deux concepts fondamentaux structurent cette approche :

  • Le Shōshin (心初) – « l’esprit du débutant » :
    une posture d’humilité radicale face à l’inconnu, essentielle pour apprendre, désapprendre et s’adapter.

  • Le Wu-Wei (無為) – « agir sans forcer » :
    une forme de lucidité stratégique qui consiste parfois à retenir son action pour mieux observer et comprendre les dynamiques adverses.

Ces principes forment un socle de leadership adaptatif, qui valorise la lucidité, le recul et la flexibilité plutôt que la réaction immédiate.

La guerre hors limites : quand l’économie devient un champ de bataille

Michelon cite le célèbre ouvrage chinois La guerre hors limite (1999), rédigé par deux colonels de l’Armée populaire de libération.
L’idée : la puissance ne se mesure plus uniquement en armées ou en missiles, mais en capacité à combiner le droit, la finance, la technologie et l’information pour influencer l’adversaire.

“Tout le monde la pratique, sauf nous.” – Nicolas Michelon

Les dirigeants européens doivent donc comprendre que la compétition économique mondiale est devenue systémique :
propriété intellectuelle, ressources critiques, narratifs médiatiques… chaque domaine devient un levier de puissance.

En quoi cela concerne les dirigeants formés au CPA ?

Cette vision orientale de la stratégie rejoint l’esprit du CPA Lyon-Grenoble :

  • apprendre à décider dans l’incertitude,

  • intégrer les facteurs culturels et humains dans la décision stratégique,

  • développer une intelligence de situation face à des contextes mouvants.

S’inspirer des cultures asiatiques, c’est accepter de revoir sa posture :
moins de réaction, plus d’observation ; moins de certitudes, plus de discernement.

Pour les dirigeants formés au CPA, comprendre ces logiques, c’est enrichir leur boîte à outils stratégique et renforcer leur leadership dans un monde multipolaire.
C’est aussi reconnaître que la culture, la philosophie et la géopolitique ne sont pas des abstractions : elles façonnent les manières de penser, d’agir et de négocier.

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